L’utilisation de lubrifiants peut rendre la pénétration sexuelle d’autant plus agréable tout en réduisant considérablement le risque de rupture du préservatif. Ces dernières années, cependant, il a été suggéré que certains lubrifiants peuvent, en fait, augmenter le risque de VIH, soit en affaiblissant la structure des préservatifs en latex, soit en causant des dommages cellulaires aux tissus fragiles qui tapissent le vagin ou le rectum. La question est, à quel point l’une ou l’autre de ces affirmations est-elle réelle ?
Types de lubrifiants
Les lubrifiants à base d’eau sont depuis longtemps recommandés pour les relations sexuelles anales et vaginales, dont l’utilisation peut réduire le taux d’échec du préservatif à environ trois pour cent contre 21 pour cent ou lorsqu’aucun lubrifiant n’est utilisé. En revanche, les lubrifiants à base d’huile, tels que l’huile pour bébé, l’huile minérale, la vaseline ou le shortening végétal (c’est-à-dire Crisco), sont connus pour dégrader rapidement l’intégrité du latex, souvent en quelques minutes, augmentant le risque de rupture du préservatif. Pour cette seule raison, les lubrifiants à base d’huile doivent toujours être évités.
Une autre option recommandée, les lubrifiants à base de silicone, présente des niveaux de viscosité élevés et un impact minimal sur l’intégrité du latex. Bien qu’ils ne soient pas aussi couramment disponibles que les lubrifiants à base d’eau, les lubrifiants à base de silicone sont généralement considérés comme sûrs, bien qu’il n’y ait que des données cliniques limitées à l’appui, en particulier en ce qui concerne le sexe anal.
Il existe également des lubrifiants à base de glycol, dans lesquels de la glycérine ou du propylène glycol est ajouté aux lubrifiants traditionnels à base d’eau. Ces composés organiques agissent comme des humectants, empêchant l’évaporation pour assurer une glisse durable, et sont généralement considérés comme sûrs à utiliser.
Risque d’IST
Depuis 2002, un certain nombre d’études ont mis en garde contre l’impact des lubrifiants personnels sur les délicates cellules épithéliales qui tapissent le vagin et le rectum. Une de ces études a porté sur l’utilisation du nonoxynol-9, un détergent couramment utilisé comme agent spermicide pour bloquer la transmission du VIH chez les femmes.
L’étude, qui comprenait des prostituées en Thaïlande et en Afrique, a montré que l’utilisation fréquente de nonoxynol-9 doublait presque le risque de VIH, par rapport aux femmes du groupe placebo. Des lésions épithéliales et des ulcérations vaginales ont également été notées chez les utilisatrices de nonoxynol-9.
Des résultats similaires ont été observés lors de l’étude de l’impact du nonoxynol-9 sur les tissus rectaux, beaucoup d’entre eux ayant subi un dépouillement des tissus rectaux et même des saignements rectaux dans certains cas. À la suite de ces études, les lubrifiants contenant du nonoxynol-9 ne sont pas recommandés pour les femmes à haut risque de contracter le VIH.
Les préoccupations, cependant, ne se limitent pas uniquement aux lubrifiants contenant du nonoxynol-9. Depuis 2006, les chercheurs se sont penchés sur les lubrifiants considérés comme hyperosmolaires, ce qui signifie qu’ils affectent l’échange de fluides dans les cellules, retirant de l’eau et les rendant cassants et faibles. Ce faisant, ils augmentent le potentiel d’infection en permettant aux infections sexuellement transmissibles (IST) une voie directe à travers les barrières cellulaires censées les entraver.
Une étude bien publiée, développée dans le cadre du programme de développement des microbicides de l’UCLA, a examiné le risque chez les couples hétérosexuels ayant des relations sexuelles anales.
Selon la recherche, les couples qui utilisaient régulièrement des lubrifiants personnels pour le sexe anal présentaient un risque presque trois fois plus élevé de chlamydia et de gonorrhée par rapport aux utilisateurs occasionnels ou peu fréquents.
La majorité des utilisateurs (61 %) utilisaient des produits à base d’eau, tandis que 20 % utilisaient des lubrifiants à base de silicone, 15 % utilisaient des lubrifiants à base d’huile et 7 % utilisaient un agent lubrifiant anesthésiant. Sur la cohorte de 421 patients, 229 étaient des hommes et 192 étaient des femmes. L’enquête, présentée en 2012, n’a exploré ni le VIH ni aucune autre IST.
Risque de transmission du VIH
Une autre étude, publiée en 2012, s’est penchée sur l’impact de différents lubrifiants sur les tissus rectaux et a conclu, sans surprise, que le risque variait selon le produit. Certains produits ont présenté une hyperosmolarité accrue en raison de concentrations élevées de sel et de glucides, tandis que d’autres se sont révélés iso-osmolaires, les niveaux de sel et d’autres ingrédients ayant peu ou pas d’impact sur les cellules.
Sur les 14 produits étudiés, deux lubrifiants iso-osmolaires à base d’eau (Good Clean Love et PRÉ) et deux lubrifiants à base de silicone (Wet Platinum et Female Condom 2) ont montré le moins d’impact négatif. Les produits contenant de la chlorhexidine (couramment utilisés dans les désinfectants et les cosmétiques) ont causé les dommages les plus importants.
Malgré les preuves de toxicité cellulaire, les chercheurs ont conclu qu’il n’y avait absolument aucune preuve que les lubrifiants personnels augmentaient le risque de VIH.
Selon l’étude, tout traumatisme épithélial causé par un lubrifiant n’était probablement pas suffisant pour potentialiser la transmission du VIH. De plus, la perméabilité des tissus a peu changé après l’utilisation du lubrifiant.
Aucune des deux études ne suggère d’éviter les lubrifiants, car cela pourrait potentiellement causer un traumatisme encore plus important aux tissus vaginaux/rectaux tout en augmentant la probabilité d’échec du préservatif. D’autres investigations se concentreront probablement sur l’identification des composés et/ou additifs dans les lubrifiants qui peuvent être inoffensifs ou nocifs pour les tissus.
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