Estimation du risque de transmission par type d’exposition
Lorsqu’on discute du risque de VIH, il est important d’établir d’abord les quatre conditions qui doivent être réunies pour que la transmission du VIH se produise :
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Il doit y avoir des fluides corporels dans lesquels le VIH peut prospérer. Cela comprend le sperme, le sang, les sécrétions vaginales ou le lait maternel. Le VIH ne peut pas prospérer à l’air libre ou dans les parties du corps à haute teneur en acide, comme l’estomac ou la vessie.
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Il doit y avoir une voie de transmission par laquelle les fluides corporels sont échangés. Les principales voies de transmission comprennent certaines activités sexuelles, le partage de seringues, l’exposition aux soins de santé ou la transmission de la mère à l’enfant.
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Il doit y avoir un moyen pour que le virus atteigne les cellules vulnérables à l’intérieur du corps. Cela peut se produire par une rupture ou une pénétration de la peau ou à travers les tissus muqueux de l’anus ou du vagin. Le VIH ne peut pas pénétrer la peau intacte.
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Il doit y avoir des niveaux suffisants de virus dans les fluides corporels. C’est pourquoi la salive, la sueur et les larmes sont des sources improbables du VIH puisque la concentration du virus dans ces fluides est considérée comme insuffisante. Les enzymes neutralisantes dans la salive (appelées inhibiteurs sécrétoires de la peptidase des leucocytes ou SLPI) sont connues pour diminuer considérablement la capacité du VIH à se développer.
Déterminer si une activité est à « risque élevé » ou « à faible risque » dépend donc de l’efficacité avec laquelle une activité satisfait à chacune de ces quatre conditions.
La transmission du VIH peut survenir après une seule exposition
Attribuer un pourcentage réel au « risque » d’une certaine activité est une affaire délicate. Bien que les statistiques puissent suggérer qu’il n’y a qu’une chance sur 200 (ou 0,5 %) d’être infecté par telle ou telle activité, cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas être infecté après une seule exposition.
Au lieu de cela, un risque “par exposition” de 0,5% est censé indiquer qu’une moyenne d’une infection se produira sur 200 personnes qui se livrent à une activité particulière. Cela ne signifie pas que vous devez faire quelque chose 200 fois pour être infecté.
Il est important de se rappeler que les estimations de risque sont basées sur deux facteurs et deux facteurs seulement : une personne a le VIH et l’autre pas. Des cofacteurs supplémentaires, tels que les infections sexuellement transmissibles (IST), l’état de santé général et la charge virale de la personne infectée, peuvent encore aggraver le risque jusqu’à ce qu’une activité à faible risque soit soudainement considérablement plus élevée.
Estimation du risque de transmission du VIH par exposition
Les estimations ci-dessous ne doivent pas être considérées comme définitives mais servent plutôt à comprendre le risque relatif de VIH par type d’exposition. Les chiffres sont basés sur une méta-analyse de plusieurs études à grande échelle qui ont examiné spécifiquement le risque par exposition.
Exposition | Type d’exposition | Risque par exposition |
Anal | Sexe anal réceptif avec éjaculation | 1,43 % (un sur 70) |
Sexe anal réceptif sans éjaculation | 0,65% (un sur 154) | |
Sexe anal pénétrant, non circoncis | 0,62 % (un sur 161) | |
Sexe anal insertif, circoncis | 0,11 % (un sur 909) | |
Vaginal | Sexe vaginal, femme-homme (pays à revenu élevé) | 0,04 % (un sur 2500) |
Sexe vaginal, homme-femme (pays à revenu élevé) | 0,08 % (un sur 1250) | |
Sexe vaginal, femme-homme (pays à faible revenu) | 0,38 % (un sur 263) | |
Sexe vaginal, homme-femme (pays à faible revenu) | 0,3 % (un sur 333) | |
Sexe vaginal, VIH asymptomatique | 0,07 % (un sur 1428) | |
Sexe vaginal, stade tardif du VIH symptomatique | 0,55% (un sur 180) | |
Oral | Oro-pénienne (fellation), réceptive | 0 % à 0,04 % (un sur 2500) |
Oro-pénienne (fellation), insertive | 0% à 0,005% (un sur 20000) | |
Oral-anal (anilingus), l’un ou l’autre des partenaires | négligeable | |
Oro-vaginal (cunnilingus), l’un ou l’autre des partenaires | négligeable | |
Percutané | Consommation de drogues injectables partagée, non désinfectée | 0,67% (un sur 149) |
Blessure professionnelle par piqûre d’aiguille | 0,24 % (un sur 417) | |
Aiguille non professionnelle avec seringue jetée | faible à négligeable | |
Transfusion sanguine (États-Unis) | 0,0000056 % (un sur 1,8 million) | |
Grossesse | Mère-enfant, pas de thérapie antirétrovirale (TAR) | 25% (un sur quatre) |
Mère-enfant, TAR deux semaines avant l’accouchement | 0,8 % (un sur 125) | |
Mère-enfant sous TAR avec charge virale indétectable | 0,1% (un sur 1000) |
Réduire votre risque personnel de VIH
Le but de comprendre le risque relatif est d’établir les moyens par lesquels réduire votre risque personnel d’infection ou le risque de transmettre le VIH à d’autres. Souvent, il suffit de peu pour atténuer les risques. Par exemple, l’utilisation systématique de préservatifs est corrélée à une diminution de 20 fois du risque de VIH, tandis que le choix de la fellation par insertion plutôt que du sexe anal d’insertion entraîne une diminution de 13 fois. À l’inverse, la présence d’une IST ou d’un ulcère génital augmente le risque de contracter le VIH de 200 à 400 %.
Le facteur le plus important pour évaluer la probabilité de transmission du VIH est sans doute la charge virale de la personne infectée. Les données suggèrent que le risque qu’une personne infectée par le VIH avec une charge virale indétectable transmette le virus est pratiquement nul.
La stratégie appelée traitement comme prévention (TasP) soutient fortement l’utilisation de la thérapie antirétrovirale pour réduire l’infectiosité d’une personne vivant avec le VIH. Cela renforce également la nécessité de tests précoces pour atténuer le risque chez les couples à statut mixte (sérodiscordants).
Connaître votre statut sérologique et celui de votre partenaire vous permet de faire un choix éclairé sur la façon de mieux vous protéger, qu’il s’agisse de vous abstenir d’activités à haut risque, d’utiliser des préservatifs ou d’explorer la prophylaxie pré-exposition (PrEP) comme moyen de réduire la sensibilité du partenaire séronégatif à l’infection.
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