Les antibiotiques sont des médicaments puissants utilisés pour traiter les infections bactériennes, mais ils peuvent parfois entraîner des effets secondaires indésirables, notamment la constipation. Cet article explore la relation entre les antibiotiques et la constipation, en examinant les mécanismes sous-jacents, en fournissant des preuves issues de la recherche et en offrant des conseils sur la prévention et le traitement.
Les antibiotiques provoquent-ils la constipation ?
La réponse courte est oui, les antibiotiques provoquent la constipation chez certaines personnes. Cependant, la relation entre les antibiotiques et la constipation est complexe et peut varier en fonction de l'antibiotique spécifique, du dosage, de la durée du traitement et de facteurs individuels.
Les mécanismes à l’origine de la constipation induite par les antibiotiques sont les suivants :
1. Perturbation du microbiote intestinal
Les antibiotiques agissent en tuant ou en inhibant la croissance des bactéries, mais ils ne font pas la distinction entre les agents pathogènes nocifs et les bactéries intestinales bénéfiques. Cette perturbation du microbiome intestinal peut entraîner une constipation par plusieurs mécanismes :
a) Production réduite d’acides gras à chaîne courte : les bactéries intestinales produisent des acides gras à chaîne courte (AGCC) par fermentation de fibres alimentaires. Les AGCC aident à stimuler la motilité intestinale et à maintenir un bon équilibre hydrique dans le côlon. Une étude publiée dans la revue « Gut Microbes » (2017) a révélé que le traitement antibiotique entraînait une diminution significative des bactéries productrices d’AGCC, contribuant potentiellement à la constipation.
b) Altération du métabolisme des acides biliaires : les bactéries intestinales jouent un rôle crucial dans le métabolisme des acides biliaires, qui contribuent à stimuler la motilité intestinale. Une étude publiée dans le « Journal of Hepatology » (2016) a démontré que le traitement antibiotique perturbait le métabolisme des acides biliaires, entraînant une réduction de la motilité intestinale et potentiellement une constipation.
2. Effets directs sur la motilité intestinale
Certains antibiotiques peuvent affecter directement les muscles et les nerfs des intestins, entraînant une diminution de la motilité et une constipation. Par exemple :
a) Érythromycine : Il a été démontré que cet antibiotique ralentit le transit intestinal. Une étude publiée dans l’American Journal of Gastroenterology (2000) a révélé que l’érythromycine retardait considérablement le transit colique chez des volontaires sains.
b) Antibiotiques contenant des opioïdes : Certains antibiotiques, comme le diphénoxylate (utilisé en association avec l’atropine pour traiter la diarrhée), ont des effets de type opioïde qui peuvent ralentir la motilité intestinale et provoquer de la constipation.
3. Déshydratation
Certains antibiotiques, notamment ceux qui peuvent provoquer une diarrhée comme effet secondaire, peuvent entraîner une déshydratation. La déshydratation peut contribuer à la constipation en réduisant la teneur en eau des selles, ce qui rend la défécation plus dure et plus difficile.
Preuves et statistiques
Plusieurs études ont examiné la relation entre les antibiotiques et la constipation :
- Une étude à grande échelle publiée dans la revue « Gut » (2018) a analysé les données de plus de 4 millions de personnes et a constaté que l’utilisation d’antibiotiques était associée à un risque accru de 13 % de syndrome du côlon irritable d’apparition récente, y compris le SCI à prédominance de constipation.
- Une revue systématique et une méta-analyse publiées dans le « Journal of Antibiotic Chemotherapy » (2017) ont examiné 62 études et ont constaté que l’incidence globale de la diarrhée associée aux antibiotiques était de 19 %. Bien que cette étude se concentre sur la diarrhée, elle souligne l’impact significatif des antibiotiques sur la fonction intestinale.
- Une recherche publiée dans la revue « Nature » (2018) a démontré que même une seule cure d’antibiotiques pouvait altérer le microbiome intestinal pendant un an, affectant potentiellement la fonction digestive longtemps après la fin du traitement.
Prévenir et traiter la constipation induite par les antibiotiques
Si vous devez prendre des antibiotiques, il existe plusieurs stratégies que vous pouvez utiliser pour réduire le risque de constipation ou soulager les symptômes :
Buvez beaucoup de liquides
Buvez beaucoup d’eau et d’autres liquides tout au long de la journée pour maintenir une bonne hydratation et ramollir les selles.
Mangez plus d'aliments riches en fibres
Adoptez une alimentation riche en fibres, notamment des fruits, des légumes, des céréales complètes et des légumineuses. Une étude publiée dans le « World Journal of Gastroenterology » (2012) a révélé qu’une augmentation de l’apport en fibres alimentaires peut aider à soulager les symptômes de la constipation.
Envisagez de prendre des probiotiques
Les probiotiques peuvent aider à rétablir l’équilibre des bactéries intestinales pendant et après un traitement antibiotique. Une méta-analyse publiée dans le « Journal of Clinical Gastroenterology » (2017) a révélé que les probiotiques étaient efficaces pour prévenir la diarrhée associée aux antibiotiques et pouvaient également aider à lutter contre la constipation.
Restez physiquement actif
Une activité physique régulière peut aider à stimuler la défécation et à améliorer la santé digestive globale.
Utilisez des émollients fécaux ou des laxatifs doux
Si la constipation persiste, demandez à votre médecin d’utiliser des émollients fécaux en vente libre ou des laxatifs doux pour vous soulager.
Discutez des médicaments alternatifs avec votre médecin
Si la constipation est un problème persistant, parlez à votre médecin de la possibilité de passer à un autre antibiotique ou d’ajuster la dose.
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